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Les compétences clés de demain

Rédigé par Clémence de La Blanchardière | 22 avr. 2025 09:34:56

Soft skills, hard skills : et si on arrêtait de se tromper de combat ?

On en parle comme s’il s’agissait d’un choix entre deux équipes de football. D’un côté les hard skills, ces compétences techniques qu’on chérit dans les fiches de poste. De l’autre, les soft skills, ces petits plus qu’on vante en bas de page, entre deux bullet points creux sur le « sens du relationnel » et la « capacité à travailler en équipe ». En 2025, les deux jouent dans la même équipe, et ceux qui les dissocient risquent de prendre un joli but contre leur camp.

 

Les hard skills, ou l’art de courir après le train déjà parti

Les compétences techniques ont toujours été prisées. C’est une sorte de phare dans la nuit pour les recruteurs, permettant d’estimer rapidement si oui ou non, le candidat sera capable de mener ses missions à bien. Mais aujourd’hui, ces compétences deviennent rapidement obsolètes.

À peine a-t-on formé quelqu’un à un outil qu’il faut déjà passer à la nouvelle version (qui, bien sûr, change tout sauf le nom). On investit, on certifie, on coche des cases. Mais à quoi bon maîtriser un outil qui ne sera plus utilisé dans six mois ? À quoi bon apprendre un langage de code comme on apprendrait le latin ? Ou une technique qui sera dépassée dans deux ans ?

La durée de vie d’une compétence technique est désormais de deux ans. C’est à dire que même ce qu’apprennent les étudiants en première année sera dépassé lorsqu'ils obtiendront leur diplôme. Moralité ? Si vous formez uniquement sur les compétences recherchées aujourd’hui, vous êtes déjà en retard.

 

Les soft skills, ces grandes oubliées qui sauvent les meubles

Pendant ce temps-là, les soft skills font doucement leur révolution. Ces compétences humaines, longtemps reléguées à la sphère des « savoir-être » (comprendre : les trucs sympas mais pas décisifs), deviennent désormais le nerf de la guerre.

Pourquoi ? Parce qu’un salarié qui sait gérer le stress, communiquer, coopérer avec une équipe à moitié en télétravail et s’adapter à un changement d’organisation, ça vaut de l’or. Et surtout, ça ne se forme pas en deux clics sur une plateforme e-learning.

Le World Economic Forum le dit noir sur blanc : en 2025, 6 des 10 compétences les plus demandées seront comportementales. Et pourtant, combien d’entreprises continuent à surinvestir dans les « hard » et à négliger les « soft » ? Combien d’évaluations annuelles s’attardent sur les résultats sans même interroger la manière de les obtenir ? La capacité à collaborer avec des humains sera toujours plus difficile à automatiser qu’un rapport Excel.

 

Opposer hard et soft skills, la fausse bonne idée

Dans la vraie vie, il n’y a pas deux camps. Il y a des gens compétents, capables d’apprendre, de s’adapter, de communiquer, d’évoluer. Et pour ça, il faut des hard skills et des soft skills. L’un sans l’autre, c’est comme un vélo sans guidon : ça peut avancer, mais pas longtemps, et sûrement pas dans la bonne direction.

Dans le monde du recrutement plus qu’ailleurs, on remarque à quel point la combinaison des deux fait la différence. Les intérimaires qui cartonnent ne sont pas forcément ceux qui ont cinq lignes de certification sur leur CV. Ce sont ceux qui arrivent à l’heure, travaillent avec rigueur, comprennent vite et savent garder leur calme quand le client change tout à la dernière minute (ce qui arrive souvent).

 

Trois vérités RH à intégrer

  1. Former à Excel ne sert à rien si la personne ne sait pas poser une question quand elle bloque, ou identifier pourquoi elle bloque.

  2. Miser uniquement sur les hard skills, c’est comme construire une fusée sans pilote.

  3. Les soft skills sont ce qui permet aux compétences techniques de survivre au réel.

En clair, cela implique de faire le tri dans les plans de formation (moins de jargon, plus d’impact), de mettre les softs skills au coeur des parcours (et non en bonus), et d’oser cartographier des compétences hybrides, qui résistent au temps, aux outils, et aux modes. Former, ce n’est plus cocher une case. C’est préparer des individus à faire face à ce qu’on ne peut pas encore prévoir.

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