
Marque employeur & secteurs en crise
- Auteur : Clémence de La Blanchardière
- Publié le : 20 mai 2025
Construire sa marque employeur dans un secteur en crise
Hôtellerie-restauration, bâtiment, santé, transports… Autant de secteurs qui peinent à recruter, à fidéliser, à (re)donner envie. Les talents fuient, les vocations s’éteignent. La place du travail est remise en question. Les attentes changent. Les candidats comparent : conditions, avantages, considération.
La bonne nouvelle, c’est que c’est cyclique : d’autres secteurs y ont été confrontés et ont réussi à redresser la barre. La mauvaise nouvelle, c’est que c’est cyclique : de quoi épuiser les professionnels RH qui doivent éteindre de nouveaux feux régulièrement.
|| Dans les secteurs en tension, la marque employeur devient vitale.
Fort heureusement, des leviers ont été identifiés pour répondre à ce type de crises :
1. Repérez les vrais freins à l’attractivité
Première étape : comprendre ce qui rebute. Est-ce un sujet de conditions de travail ? Une image usée ? Un manque de reconnaissance ?
Faites parler vos collaborateurs. Analysez les retours candidats. Menez des micro-sondages. Et attention : ce qui est vrai pour un secteur ne l’est pas forcément dans toute entreprise de ce secteur.
Un hôtel peut souffrir d’une réputation dégradée à cause… d’une invasion de moustiques liée à une rivière toute proche. C’est un frein réel, mais ce n’est pas une fatalité. L'idée étant ici de distinguer les freins conjoncturels des freins structurels.
2. Reprenez le contrôle du récit
Vous n’avez pas les salaires les plus élevés ? Parlez de ce que vous offrez en échange : perspectives d’évolution, formations, qualité humaine du management. Le rythme est soutenu ? Mettez en avant des mécanismes de récupération, de flexibilité, des temps de repos garantis. Ce que vous dites n’a pas besoin d’être parfait. Il faut que ce soit crédible, assumé, et vivant.
3. Impliquez vos collaborateurs
Ils sont vos meilleurs porte-voix. Si vos équipes restent plus de deux ans, ce n’est pas juste pour la fiche de paie. Il y a autre chose : un attachement au projet, une ambiance, une souplesse, une liberté, un café particulièrement délicieux. Donnez-leur la parole. Organisez des mini-interviews. Capturez des témoignages sincères (pas scénarisés à outrance). Et surtout, faites-les circuler : sur LinkedIn, sur votre site carrière, en interne. Une marque employeur incarnée est tellement plus puissante qu’un récit anonymisé.
4. Revoir (vraiment) vos process de recrutement
Recruter aujourd’hui, c’est séduire. Pas harceler, et encore moins traumatiser. Stop aux process interminables. Visez trois entretiens max, en deux semaines. Préparez l’arrivée du collaborateur comme s’il était un client : on l’accueille, on lui présente son équipe, son poste est prêt, on le forme rapidement. Et surtout, arrêtez de chercher le mouton à cinq pattes qui maîtrise Excel, fait des TikToks et parle couramment suédois. Soyez réaliste, humain, et rapide.
5. Allez là où sont vos talents
Vos futurs collaborateurs sont sportifs ? Parrainez une course locale. Ce sont des foodies ? Montez un stand à la prochaine foire alimentaire. Ils sont jeunes ? Créez des ponts avec les lycées pros, les IUT, les CFA. Faites parler du métier. Montrez que ce n’est pas “un plan B”, mais un vrai choix.
Et surtout : ne trichez pas
Une entreprise qui enjolive trop finit par être démasquée. La période d’essai étant clairement là pour ça : près de 4 sur 10 sont rompues, dont la majorité à l’initiative… du collaborateur. N’ayez pas peur d’assumer vos points faibles. Soit vous les transformez en axes de travail, soit vous les compensez avec des points forts visibles. Vous avez des problèmes économiques ? Parlez-en dès le départ, et expliquez clairement la roadmap mise en place pour vous sortir de cette situation. Au fond, c’est ça qui donne confiance : une entreprise qui sait où elle en est, où elle va et dit ce qu’elle fait.
Tout est encore possible
Oui, certains secteurs partent avec un handicap. Mais avec de l’écoute, de la clarté, un peu d’audace et beaucoup de régularité, ils peuvent redevenir désirables. La clé, c’est de comprendre les attentes réelles des candidats, d’y répondre avec sincérité, et de construire, pas à pas, une image qui leur parle.
Comments