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1 an de crise sanitaire : comment se porte le marché de l’intérim ?

Rédigé par Renata Dos Santos-Quentin | 19 avr. 2021 08:00:00

L’intérim donne plus de flexibilité aux entreprises : si cela peut être considéré comme une faiblesse, c’est aussi et surtout une force dans le monde de l’après.

Une faiblesse, car lors de l’annonce du premier confinement, les entreprises ont pu facilement mettre fin aux missions d’intérim pour faire face à la crise.

Une force, car dans le monde post-COVID les entreprises vont adapter leur processus de recrutement et privilégier la flexibilité. Dans un environnement économique incertain, elles vont aussi chercher à limiter les risques.  

Les intérimaires devraient donc en 2021 être parmi les premiers à bénéficier de la reprise. 

Voici un tour d’horizon du marché de l’intérim après un an de crise, et les projections pour l’année à venir. 

 

La surprenante résilience du secteur de l’intérim

Selon la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (DARES), l’emploi intérimaire repartait à la hausse en février, et comptait 3 100 intérimaires de plus qu’en janvier.

Après un recul inédit au premier trimestre 2020, le secteur de l’intérim est rapidement reparti à la hausse. Et il a continué de se redresser tout au long de l’année 2020. Au quatrième trimestre, il affichait +5,1 %, soit +36 200 intérimaires, alors que le trimestre précédent affichait déjà une hausse de +22,8 % soit +131 600 intérimaires. 

Fin octobre, la baisse du nombre de missions n’était que de 10 % par rapport à octobre 2019. Fin décembre 2020, l’écart n’était plus que de 5,3 % comparé à l’année précédente. Bref, chaque mois, la différence du nombre d’allocations provisoires par rapport à 2019 se réduit.

 

Le nombre d’intérimaires de février 2007 à février 2021, d’après les chiffres de la DARES.

 

Une reprise inégale en fonction des secteurs

Par secteur, on observe une différence de rythme dans la reprise. Elle est plus marquée dans la construction (+7,1 % en février 2021, après +23,3 % au trimestre précédent) que dans le tertiaire (+4,7 %) et l’industrie (+4,6 %). Dans ces trois secteurs, l’emploi intérimaire reste néanmoins encore en dessous du niveau d’avant-crise. Par rapport à fin 2019, il est à -9,5 % dans l’industrie, à -3,1 % dans le tertiaire et à -2,6 % dans la construction.

Le secteur transport-logistique se distingue particulièrement. Porté par la vitalité du commerce en ligne, il a connu en 2020 un repli limité à -3,8 %, soit 9,8 points au-dessus de la moyenne des secteurs. En effet, le e-commerce et les plateformes logistiques ont maintenu, voire augmenté, leur activité tout au long de l’année.

 

Graphique tiré du baromètre Prism’emploi — l’emploi intérimaire en décembre 2020 (-11,5 %) et bilan annuel

Au total, fin février 2021, on comptabilise 746 500 personnes qui occupent un emploi intérimaire. Ce nombre est inférieur de 6,2 % (soit - 49 700 personnes) à celui de l’année précédente, juste avant la crise sanitaire.

À l’heure où nous publions l’article, les chiffres ne sont pas disponibles pour le mois de mars et d’avril.

 

Des perspectives encourageantes pour 2021

Le secteur de l’intérim a démontré sa capacité de résilience. Mais que dire de l’année à venir ? Les projections se montrent plutôt optimistes.

Après une année de difficultés, les entreprises françaises ont compris qu’elles devaient s’adapter à un cadre économique changeant. 

Dans ce contexte incertain, et en raison d’un manque de visibilité, elles vont parier sur l’externalisation RH. Le recrutement temporaire offre en effet des avantages non négligeables : souplesse, prise de risque limitée, adaptabilité. Il permet de mobiliser rapidement un savoir-faire.

L’intérim devrait donc jouer un rôle clé dans le retour à la croissance des entreprises.

 

 

L’essor du marché de l’intérim digital

Dans ce nouvel environnement économique, le développement des plateformes de recrutement et la digitalisation du secteur de l’intérim jouent un rôle grandissant et vont continuer à gagner en importance dans les années à venir.

Prenons un exemple parlant : la possibilité d’effectuer un recrutement en ligne depuis la prise de contact jusqu’à la signature du contrat n’est plus simplement une commodité. Dans un contexte de crise de la COVID, elle permet tout simplement de continuer à travailler et de bénéficier de tout l’apport des technologies numériques. Elle préserve la santé de tous les acteurs du recrutement et évite de multiplier les contacts pour la seule gestion administrative des contrats.

On ne parle donc plus uniquement de diminution des points de friction dans le processus d’embauche. De plus en plus d’entreprises adoptent le recrutement digital. Elles participent à la transformation digitale de l’intérim, accompagnée par l’apparition et l’essor de la plateforme de recrutement.

Selon les prévisions de Xerfi, 10 % du marché de l’intérim pourrait être digitalisé d’ici 2025, ce qui équivaudrait à plus de 400 000 personnes ayant effectué une mission d’intérim sur un an.

 

En résumé

Le secteur de l’intérim a su résister à la crise. Mais il a un rôle important à jouer dans le retour à la croissance en offrant de la main-d’œuvre compétente et disponible que les entreprises pourront rapidement mobiliser. Enfin, le retour à la croissance sera aussi accompagné par l’essor de l’intérim digital qui offre des possibilités inédites aux services RH pendant et après un contexte de crise sanitaire. Les pure players sont les games changer du secteur.